Mon patient se met en danger, comment réagir ?

En tant que psychologue ou thérapeute, vous avez probablement déjà été confronté à ces situations où un patient adopte des comportements à risque : automutilation, fugues, addictions, conduites impulsives… voire des tentatives de suicide répétées.

 

Et dans ces moments-là, on est pris dans l’urgence 🚨

 

Toute l’attention se focalise sur ce danger imminent : Comment éviter le passer à l’acte ? Comment prévenir la prochaine crise ?

 

Cette priorité est légitime. La sécurité du patient passe avant tout.

Mais il y a un point fondamental à ne pas oublier : ces comportements ne sont que la partie visible de l’iceberg 🌊

 

Derrière chaque mise en danger, il y a souvent une fonction, une intention, un message… qui reste dans l’ombre.

Quand le comportement à risque devient un appel à l’aide

Il y a quelques temps, une collègue m’a raconté le cas d’une adolescente qu’elle suivait en thérapie.

 

Cette jeune fille, âgée de 15 ans, avait adopté des comportements de mise en danger récurrents : fugues répétées, consommation de drogue et automutilations fréquentes.

 

Forcément, la famille était en alerte maximale. Tous les regards étaient tournés vers ces actes :

Comment la protéger ? Comment éviter la prochaine fugue ?

 

Mais en discutant ensemble, nous avons fait un pas de recul et nous nous sommes demandé : « Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces comportements se sont-ils intensifiés ces derniers mois ? »

 

C’est alors qu’elle m’a parlé du contexte familial : la grand-mère de cette adolescente était atteinte d’un cancer, et toute la famille était mobilisée autour de cette situation.

Les repas, les conversations, les préoccupations… Tout tournait autour de cette maladie.

Et là, un déclic 💡

Et si ces comportements étaient, en réalité, une manière pour cette adolescente de dire : « Regardez-moi, moi aussi j’existe » ?

 

Sa mise en danger n’était peut-être pas une simple « prise de risque ». Elle était probablement un cri d’alerte, une tentative désespérée de ne pas disparaître dans cette atmosphère familiale envahie par les angoisses liées à la maladie de sa grand-mère.

👉 Le danger visible n’était que la surface. La véritable souffrance se trouvait dans ce sentiment d’invisibilité et d’abandon.

Ce type de situation est bien plus fréquent qu’on ne le pense.

Parce que les comportements de mise en danger sont rarement « gratuits ». Ils ont souvent une fonction. Et tant qu’on reste uniquement focalisé sur la surface – les actes en eux-mêmes – on passe à côté de ce que le patient essaie réellement d’exprimer.

patient comportement à risque psychologue

Pourquoi un patient adopte-t-il des comportements de mise en danger ?

Le premier réflexe qu’on a lorsqu’un patient se met en danger, est de chercher à « arrêter » ces comportements.

C’est normal : notre rôle est d’assurer sa sécurité.

Mais, au-delà de cette priorité, il est essentiel de comprendre pourquoi ces actes sont là. Et ces comportements peuvent remplir plusieurs fonctions.

🔍 1. Un appel à l’aide

Le patient se sent dépassé par ses émotions, ses souffrances, et il utilise ces actes comme un signal d’alarme.

Il crie. Non pas pour attirer l’attention pour « manipuler », mais parce qu’il ne sait pas comment demander de l’aide autrement.

👉 Parfois, il s’agit de dire : « Je ne vais pas bien, aidez-moi ». Et c’est à nous, thérapeutes, de l’entendre.

🔍 2. Une tentative de régulation émotionnelle

Lorsque les émotions deviennent insoutenables, certains patients se mettent en danger pour ressentir quelque chose d’autre, ou au contraire, pour anesthésier leur douleur.

👉 L’automutilation, par exemple, permet parfois de se « déconnecter » de la souffrance psychique en générant une douleur physique plus « gérable ». À l’inverse, elle peut aussi être une manière pour le patient d’extérioriser la souffrance qu’il n’arrive pas à réguler émotionnellement.

🔍 3. Un besoin d’exister

Dans des contextes familiaux où l’enfant ou l’adolescent se sent invisible, la mise en danger devient un moyen d’obtenir de l’attention. Ce n’est pas un « caprice », mais une stratégie de survie psychique.

👉 Comme cette adolescente qui cherchait simplement à dire : « Je suis là, regardez-moi. »

🔍 4. Un signe de détresse inexprimable

Certains patients n’ont pas les mots pour verbaliser ce qu’ils ressentent.

Parfois, parce qu’ils ne le peuvent pas (la souffrance peut être trop intense ou ils n’ont pas les mots pour le verbaliser) ou parce qu’ils ne le veulent pas en pensant par exemple que ce n’est pas légitime ou que c’est un signe de faiblesse.

 

Leur détresse s’exprime alors par des actes.

 

👉 C’est un peu comme si, au lieu de dire : « Je ne vais pas bien du tout », le patient utilisait son corps pour le hurler.

Mais si on reste fixé uniquement sur le comportement visible…

… on passe à côté des réels besoins.

Et c’est là que le travail thérapeutique prend tout son sens ✅

Notre mission, c’est d’aider le patient à identifier ses besoins et à trouver d’autres moyens, plus sécurisés, pour les exprimer.

📌 Seulement voilà : pour y parvenir, il faut savoir poser un cadre solide et structuré. Car sans ce cadre, on risque de rester dans la gestion de crise permanente, sans jamais accéder à ce qui se joue réellement.

Lorsque vous êtes face à un patient qui se met en danger, il est indispensable d’avoir une posture professionnelle claire et ancrée.

 

Ça passe par :

✔️ Une structuration du suivi dès les premières séances.

✔️ La capacité à analyser la fonction du comportement.

✔️ Une posture contenante et sécurisante, même en pleine crise.

 

👉 Et c’est exactement ce que j’enseigne dans la formation « Les Bases de la Thérapie ». Parce que gérer ces situations n’est pas inné. Ça s’apprend. Rejoignez la formation dès maintenant en cliquant ici.

4 conseils face à un patient qui se met en danger

Si vous êtes face à un patient qui adopte des comportements à risque et que vous ne savez pas toujours comment réagir, voici quelques pistes à garder en tête :

1. Ne restez pas fixé sur le danger immédiat

Oui, la sécurité est prioritaire. Assurez-vous évidemment qu’il n’y a pas de danger imminent pour votre patient.

Mais une fois cette urgence passée, prenez du recul et cherchez à comprendre ce que ce comportement cherche à exprimer 💬

2. Interrogez la fonction du comportement

Demandez-vous toujours : « À quoi sert ce comportement pour mon patient ? » ou comme j’aime le dire “quel est le bénéfice secondaire de ce comportement ?” (j’en parle prochainement dans ma newsletter, si vous voulez vous abonner, c’est ici 😉)

Est-ce une façon de fuir une émotion ? D’attirer l’attention ? De réguler une angoisse insoutenable ?

3. Posez un cadre clair et rassurant

Dès le début de la thérapie, expliquez aux patients les règles et les limites du cadre thérapeutique.

Un cadre sécurisant est essentiel si vous voulez que la thérapie fonctionne. Il permet au patient d’exprimer ses souffrances en toute confiance grâce à une alliance thérapeutique solide 💪

Et c’est justement l’objectif de ma formation « Les Bases de la Thérapie ».

4. Continuez de vous former

Les situations de mise en danger sont parmi les plus complexes à gérer en thérapie. C’est pourquoi il est essentiel de se former et/ou d’être accompagné grâce à la supervision (voici une vidéo qui pourrait vous intéresser sur le sujet 🎬).

En résumé : allez au-delà du comportement visible

Les comportements de mise en danger sont souvent perçus comme des « actes problématiques » à stopper au plus vite.

Mais, en réalité, ce sont des signaux de détresse.

Et si nous, thérapeutes, nous restons uniquement focalisés sur ces actes, on risque de passer à côté de la souffrance réelle du patient.


Alors, la prochaine fois que vous serez face à un patient qui se met en danger, posez-vous cette question : « Qu’est-ce que ce comportement essaie d’exprimer, là, juste sous la surface ? »

 

Parce que parfois, ce n’est pas la crise qui compte… mais ce qu’elle essaie désespérément de raconter 🩷


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